La Tunisie est caractérisée par une dynamique migratoire complexe. Alors qu'elle a longtemps été qualifiée de pays d'origine des flux migratoires vers l’Europe ; ce profil a beaucoup évolué au fil des ans, en raison des changements drastiques du contexte politique, économique et sécuritaire de la région (en particulier le conflit et l'instabilité en Libye, en Syrie, au Mali…). En conséquence, la Tunisie est aujourd'hui considérée comme un pays d'origine, de transit et de destination pour plusieurs types de flux migratoires et différents pays, en particulier les pays de l'Afrique subsaharienne (ASS).

Certes, le nombre de migrant.es en Tunisie n'est pas significatif par rapport aux pays voisins. Cependant, il est clair que le profil des migrant.es tunisien.nes est très hétérogène et varie d’une région à l’autre. Les données sur la taille réelle de la population migrante en Tunisie ne sont pas exhaustives et varient selon les sources. Le nombre de migrants internationaux est estimé à 57900 personnes, dont 48% de femmes (UNDESA, 2019). Selon le HCR, la Tunisie compte actuellement 6 744 réfugié.es et demandeur.ses d'asile, dont 37,4% de la Côte d'Ivoire et 29,7% de la Syrie.

Il existe également une communauté subsaharienne dont la taille varie entre quelques milliers et quelques dizaines de milliers de personnes. En effet, la Tunisie a des accords avec plusieurs pays du continent africain garantissant une entrée sans visa en Tunisie pendant 90 jours.

Les migrant.es en Tunisie sont confronté.es à de multiples difficultés liées au manque de cadre juridique complet sur la migration, ce qui les renvoie à de multiples vulnérabilités telles que les difficultés d'accès à un statut régulier, la traite des êtres humains, l'accès à l'information et l'accès aux services.

La crise du COVID19 a contribué à l'aggravation de la situation des migrant.es en Tunisie, à plusieurs niveaux : social, économique, sanitaire et individuel. Environ 62% des migrant.es ont perdu leur source de revenus lors de la première vague et 49% lors de la seconde (MMC, 2020). Ainsi, ces personnes se retrouvent incapables de répondre à leurs besoins de base.

En parallèle, la perte de source de revenus a entraîné une situation de logement précaire. Les réfugié.es et les demandeur.ses d'asile sont exposé.es aux mêmes vulnérabilités que les autres groupes de migrant.es et les Tunisien.nes, et ils sont susceptibles de se retrouver dans une situation précaire en raison de leur statut, de la forte prévalence des réfugié.es sur le marché du travail informel et d'un accès limité aux services sociaux et sanitaires et aux prestations de service.

Dans ce contexte, l’UNFPA Tunisia a travaillé en étroite collaboration avec les acteurs locaux et les prestataires de services pour améliorer l’accès des migrant.es, des réfugié.es et des demandeur.ses d’asile aux services en aidant 14 points de services à intégrer la fourniture de services aux migrant.es et d'attirer l'attention sur la situation de leurs droits ; dans le cadre de ses engagements pour les droits de toutes et de tous, en particulier de celles et ceux laissé.es pour compte.

Au cours du premier trimestre 2021, nous nous sommes concentrés sur des activités de sensibilisation pour faire la lumière sur la situation, les droits et les sucess stories des migrantes.

En étroite collaboration avec UNFPA Tunisie, ATL MST SIDA Tunis a conduit pendant un mois une campagne digitale dédiée à la visibilité des migrant.es en Tunisie. La campagne a débuté dans les rues du Grand Tunis en abordant des femmes et des hommes migrants, effectuant leurs tâches quotidiennes, faisant partie intégrante de la vie quotidienne de la ville de Tunis, discutant de leur parcours, de leurs perceptions et de leurs aspirations avant de prendre leurs photos.

Les photos ont été publiées ont ligne à partir du 15 décembre jusqu’au 25 janvier 2021 sur Facebook et Instagram suscitant un grand intérêt et un soutien largement positif car il s'éloigne du style habituel des campagnes ciblant les migrantes.

La campagne a ensuite été présentée dans Nawaat Magazine, une plate-forme d'actualités collective engagée et indépendante et un média de référence.

Le 15 février 2021, l’UNFPA Tunisia et l’Association Tunisienne de la Santé Reproductive ont organisé à Tataouine, région frontalière sud de la Tunisie, un atelier de présentation des résultats de la cartographie réalisée en 2020 sur le profil de la migration à Tataouine, les besoins en termes de santé sexuelle et reproductive, prise en charge des femmes victimes de violences et le paysage des acteurs impliqués dans le circuit des soins.

Le workshop était également une opportunité pour organiser une réunion de coordination avec les départements de santé locaux, l’ATSR, l’IPPF et l’UNFPA Tunisia, autour des plus urgents besoins en termes d’appui technique et de matériels.

Les présents ont profité de la rencontre pour étudier ensemble la faisabilité du lancement d’un groupe de travail SSR visant à améliorer les capacités et compétences des sages-femmes et aux praticiennes et médecins généralistes en matière de détection précoce de grossesse à haut risque.

Face à la recrudescence des violences faites aux femmes Durant la pandémie du covid19, un webinar régional a été organisé autour de la thématique : « La réponse aux difficultés de migration dans la région arabe : les violences basées sur le genre dans le contexte de la migration internationale ».

l’UNFPA Tunisia et l’OIM Tunisie ont saisi cette opportunité pour partager les bonnes pratiques et les leçons apprises et pour adapter les programmes de la GBV aux besoins et aux spécificités des migrant.es.

Cette rencontre a également été l'occasion pour renforcer le dialogue entre les deux organisations pour une coordination optimale autour des différents processus traitant du thème : la « Conférence internationale sur la population et le développement » (CIPD), le Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières, ainsi que le Programme de Développement Durable à l'horizon 2030.

Dans le cadre de la célébration de la Journée internationale des droits des femmes, l'UNFPA Tunisie a choisi de célébrer la résilience et le leadership des femmes migrantes en racontant l'histoire de « Cheffe Amal», une réfugiée syrienne en Tunisie qui a réussi à démarrer son projet de restauration personnelle, une autonomie économique non seulement pour elle et sa famille, mais aussi pour les membres de sa communauté, aussi bien que des migrant.es et des Tunisiennes.

À travers cette vidéo, Amal nous raconte comment elle a réussi, malgré les obstacles que rencontrent les femmes réfugiées pour accéder à des conditions de travail égales et décentes.

Cette vidéo fait partie d'une campagne digitale intitulée « Un jour, un récit », visant à fournir un espace numérique permettant aux femmes migrantes de raconter leurs histoires et de raconter leurs expériences.

Lien vers la vidéo: Hommage à Cheffe Amal, la réfugiée syrienne leader en Tunisie - YouTube