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Une meilleure connaissance de
la population transgenre en Tunisie

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La population Transgenre est une population faiblement connue et peu ciblée par les programmes de prévention des comportements à risque en Tunisie et dans le monde. La forte stigmatisation et discrimination subie par cette population cause son isolement social et constitue une barrière importante d'accès aux services de santé sexuelle et reproductive (SSR).

L'Association Tunisienne de Prévention Positive (ATP+), avec l'appui de l'UNFPA en Tunisie, a réalisé une cartographie des sites de la population Transgenre en Tunisie (Grand Tunis, Région du Sahel, Gabes, Djerba) permettant l’obtention d’une information précise sur les sites, le nombre des personnes qui les fréquentent et leurs profils et ceci dans le but de développer des plans d’actions futurs pour la prévention du VIH et surtout pour promouvoir les programmes de prévention spécifiques et adéquats pour ces populations

Les objectifs spécifiques de la cartographie sont :

  • Recenser et géo-référencer les sites et les hotspots fréquentés par les personnes transgenres
  • Identifier les comportements à risque de transmission du VIH chez les personnes transgenres
  • Identifier les besoins des personnes transgenres en matière d’accompagnement
  • Recenser les réseaux, associations, clubs et autres groupements concernés par l’accompagnenement de la popula- tion transgenre.

Environ 80% des enquêtés sont des jeunes entre 18 et 29 ans dont 98,1% ont des rapports sexuels. Plus de la moitié déclare avoir eu recours au commerce du sexe avec plus de 10 partneraires. D’un autre côté, 43,3% des personnes transgenres interrogées déclarent ne pas avoir utilisé de préservatif lors du dernier rapport sexuel, au cours du dernier mois précédent l’enquête. Concernant les préservatifs, seulement 9,5% ont une connaissance de la disponibilité de ce moyen de prévention dans les structures de l’ONFP. La population enquêtée s’informe sur le VIH/SIDA en majorité (75,9%) via internet et très peu (8,9%) par les médecins de la santé publique. Presque la moitié des enquêtés n’ont pas pratiqué un test de dépistage. En terme de violences basées sur le genre, la population transgenre est victime de violence verbale (71,6%), physique (35,8%) et sexuelle (43,7%).

La majorité des personnes transgenres évolue dans des milieux hostiles et souffre d’exclusion, de stigmatisation, de discrimination constituant une barrière à leurs accès aux services. Ainsi, une série de recommandations a été proposée afin de mieux satisfaire les besoins de cette population. Parmi lesquelles nous pouvons citer :

  • L’intégration de la situation des personnes transgenres en matière de droits humains dans le mandat des institu- tions chargées de la protection des droits humains
  • La collection des données sur la situation des personnes transgenres en matière de droits humains, y compris sur la discrimination fondée sur l’identité de genre et la transphobie
  • Le développement de campagnes d’information, d’éducation et de communication visant les intervenants œuvrant dans le domaine de la santé, de la police, de l’enseignement et des médias en vue de lutter contre la discrimination et la stigmatisation à l’encontre des personnes transgenres
  • L’élaboration des supports éducatifs avec et pour les personnes transgenres afin de lutter contre les comporte- ments à risque
  • Le renforcement des approches d’éducation par les pair(e)s, visant, entre autres, la promotion de pratiques sexuelles à moindre risque
  • L’implication des personnes transgenres dans l’élaboration, la mise en œuvre et le suivi des actions de prévention des comportements à risque.